Tout le monde parle du digital, mais c’est quoi exactement, et quand on dit que c’est une révolution, n’est-ce pas un peu exagéré ?
Le digital, ça existe depuis le premier ordinateur, qui parle avec des 0 et des 1 électriques (le courant passe ou ne passe pas, c’est blanc ou c’est noir) contrairement à notre monde qui est analogique (50 nuances de gris ou de couleurs, plus ou moins chaud, plus ou moins bruyant, …). Pour décrire 50 nuances, un ordinateur a besoin de les numéroter en binaire (000, 001, 010, 011, …), donc de façon numérique.
Évolution ou révolution numérique ?
Au début, seuls les ordinateurs « parlaient » en numérique et petit à petit tout notre monde s’est numérisé. On est passé du disque vinyle analogique au CD numérique et maintenant à la musique dématérialisée en streaming sur Internet, autre forme et expérience digitale.
Tout notre monde suit ce mouvement :
- L’image : caméra vidéo -> Le DVD -> YouTube
- L’écriture : livres -> ebooks -> lecture à la demande
- La photo : appareil photo -> APN -> smartphone
- La télévision : ORTF -> TNT -> Netflix
- Le courrier : lettre -> messagerie -> webmail
- Nos relations aux autres : café -> forums -> réseaux sociaux
- Nos achats : boutique -> achat Internet -> Amazon
- Les communications : téléphone -> Radiocom 2000 -> Smartphone
La liste est longue …
Le monde est devenu en très peu de temps massivement digital et dématérialisé. Tous les secteurs sont touchés : un garagiste passe un quart de son temps à pianoter sur un écran…
Au fait, doit-on dire numérique ou digital ?
Les deux, mon capitaine ! En fait, digital vient de l’anglais digit, qui signifie chiffre et dont la traduction française est numérique. Ainsi, au début de l’électronique numérique, il y a quelque cinquante ans, on parlait de convertisseur analogique / numérique (CAN), ce qui était la traduction de ADC (analog to digital converter). Mais digital, en français, signifie tout ce qui touche au doigt (en principe, c’est l’inverse), et avec l’avènement des smartphones, digital et tactile se sont rejoints et sont passés dans le langage courant. Sans oublier notre propension à adorer les anglicismes, pour montrer qu’on est dans le coup… Le digital a de beaux jours devant lui.
Plus sérieusement, une petite nuance se fait aujourd’hui, qui voudrait que l’on utilise le digital plutôt lorsque l’on parle de l’expérience, de l’utilisation. Par exemple, la digitalisation d’une marque, une agence de communication digitale, une application digitale, la génération “digital native”… Le numérique quant à lui, se rapporte plus à la technologie, au matériel. On parle de support numérique, d’industrie numérique, de télévision numérique, d’appareil photo numérique…
Vous l’aurez compris, il n’y a pas de numérique sans digital ni de digital sans numérique. Alors laissons les marketeux digitaux et les techniciens numériques se chamailler …
Alors c’est quoi, le digital ? La révolution ?
Ce qui a changé entre le début d’Internet et maintenant, c’est ce qu’on appelle le web 2.0 : d’une information de haut en bas où l’émetteur donnait de l’information, on est passé à une communication bidirectionnelle : l’informé réagit à l’information pour le plus grand bonheur (réputation et croissance virale) ou malheur (bad buzz) de l’informateur.
La relation avec le client est devenue directe, immédiate et partagée. Ce qui fait que les sociétés du numérique n’ont plus eu besoin des intermédiaires traditionnels pour toucher leurs clients et sont devenues les seuls acteurs d’un bout à l’autre de la chaine de production et de distribution. Et grâce à la médiatisation extrême, tout le monde sait qui est le meilleur sur le marché, et comme dit l’oncle Sam, “the winner takes all” (le vainqueur rafle tout) : les entreprises numériques sont maintenant en situation de monopole sur leur marché.
Pour illustrer cela, vous avez bien sûr entendu parler des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Et bien, voici une équation qui résume bien la révolution numérique :
GAFAM > 2 x CAC40
Traduisons : la puissance financière de l’ensemble des GAFAM est plus du double de celle du CAC 40, qui représente les 40 plus grosses entreprises françaises. En fait, ces entreprises pèsent plus lourd que le PIB français !
Tout ça pour de jeunes sociétés qui vendent on ne sait pas trop quoi. À part Apple, qui vend des téléphones et dont la capitalisation boursière flirte avec les 2000 milliards de dollars. Et nous utilisons tous les jours Google et Facebook gratuitement, alors comment ces sociétés peuvent-elles faire des chiffres d’affaires pareils ? (1000 MD$ et 550 MD$ respectivement)
Grâce à la pub ! En effet, elles peuvent s’adresser à des milliards de gens, ce que les sociétés qui ont besoin de faire de la pub ont bien compris, et leur confient de plus en plus de campagnes publicitaires à réaliser. Facebook, par exemple, tire plus de 90% de ses revenus de la publicité. Pour la première fois cette année, l’ensemble des budgets pub sur Internet a dépassé la pub télévisée. Quand on voit le nombre de spots télé et leur coût, ça laisse songeur.
Le digital est partout
Tout ça pour dire que le numérique impacte tous les secteurs. Même vous : vous avez plus de chance de faire la promotion de vos produits sur Facebook à votre voisin qu’en discutant avec lui par-dessus votre haie. Parce que les GAFAM en connaissent beaucoup sur vous, vos habitudes, votre géolocalisation et sur votre voisin. Ils savent (ou essayent de savoir par tous les moyens) s’il peut être intéressé par vos produits, et si ce n’est pas lui, c’est l’autre voisin, à 300 m, que vous ne connaissez pas mais que Facebook connait.
Leur grande force, c’est une automatisation très poussée. A titre d’exemple, Facebook dépasse les 500 milliards de capitalisation pour 10 000 employés alors que General Motors réalise moins de 50 milliards avec plus de 200 000 personnes. Le chiffre d’affaires par employé de Facebook est 200 fois supérieur à celui de General Motors qui pourtant améliore ses performances depuis des décennies …
Ils sont suivis par des mini géants, sur des marchés numériques spécifiques. Ce sont les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) qui, chacun dans sa (grosse) niche de marché, devient incontournable. Ces marchés, la vidéo à la demande, la location entre particuliers, les voitures électriques, les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) n’existaient pas il y a quelques années.
Et il n’y a pas qu’aux États-Unis que le numérique explose, c’est la même chose en chine avec les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) auxquels on peut ajouter Huawei et Tiktok. Même s’ils sont loin derrière leurs homologues américains, ils progressent plus vite…
En Europe, malheureusement, il faudra attendre que l’on ait fait notre Révolution Digitale…
Et en France, nous ne sommes pas particulièrement en avance non plus. Si vous êtes curieux de savoir quelles applications digitales peut concerner votre entreprise, cet article peut vous éclairer